
Dès que l’Homme a été capable de penser, il n’a cessé d’observer et de s’interroger sur les faits qui se déroulaient autour de lui. Des phénomènes inattendus ou inexplicables – qu’ils fussent météorologiques, astronomiques, ou terrestres – se produisaient, sans qu’il puisse les comprendre ou les contrôler.
La méconnaissance dans laquelle il se trouvait ne lui permettant pas d’identifier la cause de ces évènements, il commença, dans un premier temps, par classer ces faits en deux catégories: les faits favorables d’une part, et les faits nuisibles, d’autre part.
Ainsi trouvait-on dans la première catégorie le jour, le soleil ou la pluie, tandis que la nuit ou les tempêtes qui le rendaient plus vulnérable se trouvaient dans la seconde catégorie.
Au fil du temps, il s’avéra cependant que ce classement n’était pas exhaustif. En effet, bien que le soleil et la pluie soient un bienfait pour l’agriculture, ils devenaient clairement nuisibles pendant les années de sécheresse ou d’inondations. Cette ambivalence amena tout naturellement l’Homme à penser alors que le soleil, la pluie, le jour, la nuit, les étoiles, le vent ou les autres éléments étaient en fait des êtres surnaturels qui pouvaient soit lui accorder protection, soit l’anéantir. L’idée de “religion”, telle que Cicéron la définira quelques siècles plus tard*, était née.
La naissance de la sculpture et de la peninture
L’Homme commença à rendre un culte à ces dieux, par des offrandes ou des prières pour obtenir leurs faveurs. Il les représenta, d’abord à l’aide de morceaux de bois grossièrement taillés, puis d’images tracées sur des parois et enfin, à mesure que sa culture se développait, par des formes artistiques plus sophistiquées comme la sculpture ou la peinture.
Lorsqu’on admire les magnifiques idoles de la fécondité préhistoriques ou les somptueuses idoles en marbre des Cyclades, on se demande forcément où finit le culte idolâtre et où commence la superstition, où se situe la frontière entre histoire de l’art et anthropologie religieuse.
Si elles n’apportent pas de réponse unique à nos questions, ces idoles restent malgré tout, et aujourd’hui encore, un témoignage fascinant de la relation de l’Homme au sacré et de sa volonté de trouver des clés pour comprendre le monde qui l’entoure.
* Le terme latin religio a été défini pour la première fois par Cicéron comme «le fait de s’occuper d’une nature supérieure que l’on appelle divine et de lui rendre un culte».
Par Martine Bouilloux