
Dans la Grèce antique du 5ème siècle av. J.-C., le mois de Poséidéion -qui correspond à notre mois de décembre- voyait se célébrer les Petites Dionysies ou Dionysies des champs, organisées par les dèmes ruraux. Avec les Grands Dionysies qui avaient lieu fin mars à Athènes, ces festivités religieuses en l’honneur du Dieu Dionysos constituaient un moment clé de la vie de la Cité. Organisés par l’Etat, ces festivals s’adressaient à tous les citoyens.
L’organisation des journées comprenait des rituels religieux tels que des processions, des danses, des libations, mais aussi des représentations théâtrales. C’est la raison pour laquelle avaient lieu un concours de tragédies (Les Perses d’Eschyle, écrite en 472 av. J.-C., est la plus ancienne tragédie entièrement conservée) ainsi qu’un concours de comédies (Aristophane s’y est illustré par plusieurs pièces qui nous sont parvenues, telles que Les Nuées, Les Oiseaux ou encore Les Grenouilles).
Toutes ces pièces de théâtre avaient toujours un lien avec l’histoire, la politique ou la société de l’époque, illustrées de manière dramatique ou satirique. Ces représentations étaient donc l’occasion d’un concours festif, mais aussi d’une réflexion sur la vie. Ainsi chaque spectateur était-il amené à « épurer ses passions » (phénomène de katarsis en grec ancien), puisqu’en assistant au spectacle dramatique, l’homme se libérait alors de ses pulsions, de ses angoisses ou de ses fantasmes en les vivant à travers les héros ou les situations représentées sous ses yeux.
Les pièces étaient jouées par deux puis trois acteurs dans le cadre de la tragédie, et au moins quatre dans celui de la comédie. Les tragédiens/ comédiens devaient donc jouer plusieurs rôles au sein d’une pièce. Limités quant au nombre d’acteurs, les poètes pouvaient cependant recourir à autant de figurants muets qu’ils le désiraient. Il faut relever que tous les rôles étaient tenus par des hommes, d’où l’importance du masque et du costume qui indiquaient le sexe mais aussi l’identité propre du personnage joué.
Ainsi la longue robe à manches qui dissimule tout le corps du tragédien contribuait à creuser l’écart qui sépare le monde du mythe illustré dans la pièce et la réalité de la vie quotidienne. Alors que les fameux « cothurnes », ces chaussures à semelles de bois épaisses destinées à grandir et à donner un air majestueux à l’acteur, sont devenus le symbole de la tragédie, la comédie s’est caractérisée par des postiches protubérants, notablement sous la forme de phallus surdimensionnés, ou des rembourrages bien placés sur la poitrine ou sur l’arrière-train des comédiens…
Les masques, clairs pour les femmes et foncés pour les hommes, pouvaient être dotés de perruques ou au contraire, figurer un crâne chauve. Percé aux yeux et à la bouche, le masque permettait à l’acteur de se déplacer et de s’exprimer librement. Alors que les masque tragiques étaient plutôt réalistes, les masques comiques, plus variés et souvent grotesques, pouvaient parfois caricaturer un personnage contemporain, bien connu des spectateurs.
En raison de la fragilité de leur matériau (bois, cuir, textile, …), les masques et costumes originaux ont presque tous disparu, mais nous en connaissons heureusement l’apparence au travers de leur reproduction en terre cuite notamment, telle que des petites statuettes, des ex-voto sous forme de masques ou encore sur le médaillon de certaines lampes à huile. Nous vous invitons à venir en voir quelques exemplaires dans notre vitrine dédiée à cette thématique, dans notre Galerie sise 9 rue Etienne Dumont. Au plaisir de vous y rencontrer !
Virginie Sélitrenny
Pour de plus amples informations au sujet de « la poésie dramatique et comique », cf. SAÏD S., TRÉDÉ M., LE BOULLUEC A., Histoire de la littérature grecque, Paris, 1997, Chapitre III A) La tragédie et B) Aristophane et la comédie ancienne, pp. 117sq ou encore Chapitre VIII Ménandre, pp. 293sq.