Description du produit
La coupe a été fabriquée dans une seule plaque d’argent d’une certaine épaisseur, travaillée probablement sur un moule et ensuite achevée à froid, par martelage. Le fond du récipient est plat de façon à ce que les 16 «amandes» constituent autant de petits pieds ; le bord remonte en suivant une courbe régulière et se transforme en une lèvre évasée et lisse. Le médaillon est composé d’un disque bombé, appelé omphalos : en son centre, le point incisé a servi au toreute comme repère pour le compas afi n de tracer la décoration avec précision et régularité.
La décoration du corps se compose d’une belle et sobre variante du motif des amandes alternées à des lotus très stylisés, dont le toreute n’a dessiné que le contour. La frise est complétée par des éléments en forme de quart de cercles disposés près de la partie arrondie des «amandes». Toutes les décorations sont travaillées de l’intérieur de sorte qu’elles fi gurent en relief sur l’extérieur de la vasque.
Ces coupes étaient fabriquées en diff érents matériaux comme la céramique, les métaux précieux (bronze et surtout argent et or) et plus tard aussi le verre ; elles appartenaient à la vaisselle de luxe de riches dignitaires ou aux trésors des temples. Dans le monde grec, les phialés étaient les coupes à libation ou à sacrifi ces par excellence, comme l’atteste fréquemment l’iconographie (généralement, le vin à répandre sur l’autel ou sur le sol était d’abord versé d’une cruche à une phialé ; le sang de la victime d’un sacrifi ce pouvait être récolté dans le même type de récipient). Objets de grand luxe, elles suivaient parfois leur propriétaire jusque dans sa dernière demeure et faisaient ainsi partie du mobilier funéraire de hauts dignitaires ou de cadres de l’armée en compagnie d’autres vases en métal précieux.
Les phialés sont une forme d’origine proche-orientale et attestée surtout dans le monde achéménide : parfois une inscription en cunéiforme, gravée sur le bord du récipient, indique le nom du roi perse sous lequel elles ont été fabriquées, comme le prouve un groupe de quatre coupes plus grandes que l’exemplaire en examen, mais dont la forme et la décoration reproduisent les mêmes caractéristiques. Selon l’inscription, ces pièces ont été produites sous le règne d’Artaxerxès, roi des Perses dans les décennies centrales du Ve s. av. J.-C.
D’autres phialés comparables proviennent de toute la Méditerranée orientale, en particulier d’Egypte (Tuch el-Karamus, vers 300 av. J.-C.) et d’Anatolie orientale. Les exemples mis au jour dans l’actuelle Bulgarie (trésor de Rogozen, vers 400-350 a. J.-C.), témoignent du succès de ces récipients aussi auprès des artisans grecs et de leur clientèle thrace.